[DROIT ÉCONOMIQUE] Une « Taxe » pour le demandeur qui saisit le nouveau Tribunal des activités Économiques

[DROIT ÉCONOMIQUE] Une « Taxe » pour le demandeur qui saisit le nouveau Tribunal des activités Économiques
07/01/2025 , 02h48 Droit Economique

Actualité juridique : Décret n° 2024-1225 relatif à l’expérimentation de la contribution pour la justice économique applicable à compter du 1er janvier 2025

A titre expérimental pour 3 ans, le Décret 30 décembre 2024 n° 2024-1225 « relatif à l’expérimentation de la contribution pour la justice économique » instaure à compter du 1er janvier 2025 une taxe à la charge des justiciables pour les demandes présentées devant certains Tribunaux de commerce rebaptisés « Tribunaux des activités Économiques ».

Cette contribution est due à peine d’irrecevabilité de la demande.

 

Devant quels Tribunaux ? 

Un arrêté du 5 juillet 2024 a désigné 12 tribunaux de commerce devenus tribunaux des activités économiques à partir du 1er janvier 2025.

Il s’agit des Tribunaux de Lyon, Paris, Nanterre, Versailles, Marseille, Nancy, Saint-Brieuc, Avignon, Auxerre, Le Havre, Le Mans et Limoges.

      Qui est concerné par cette mesure ?

  •  L’auteur de la demande initiale lorsque celle-ci dépasse 50.000 euros, hors frais de procédure ;
  •   Le demandeur (personne physique ou morale) qui emploie plus de 250 salariés.

A noter que :

  • Le ministère public ;
  • L’État ;
  • Les collectivités territoriales ou groupement de collectivités territoriales ;

ne sont pas concernés par la mesure.

Quelles sont les procédures exclues ? 

Certaines demandes sont expressément exclues du dispositif, notamment celles visant :

  • L’exercice d’une voie de recours ;
  • L’ouverture d’une procédure amiable ou collective prévue en matière de difficulté des entreprises ;
  • La saisine après renvoi sur cassation ;
  • La modification, la rétractation ou la contestation d’une ordonnance rendue sur requête ;
  • L’interprétation, la rectification ou le complément d’une précédente décision.

     Quelle est la valeur de la contribution ?

La contribution à verser est calculée en fonction de la capacité contributive du demandeur :

Pour les personnes morales :

  • CA moyen des 3 dernières années compris entre 50 M€ et 1,5 Md€ + bénéfice annuel moyen des 3 dernières années supérieure à 3 M€ → 3 % du montant de la valeur totale de la demande (max 50 k€) ;
  • CA moyen des 3 derniers années supérieur à 1,5 Md€ + bénéfice annuel moyen des 3 dernières années supérieure à 0 € → 5 % du montant de la valeur totale de la demande (max 100 k€).

Pour les personnes physiques :

  • Revenu fiscal compris entre 250 k€ et 500 k€ → 1 % du montant de la valeur totale de la demande (max 17 k€) ;
  • Revenu fiscal compris entre 500 k€ et 1 M€ → 2 % du montant de la valeur totale de la demande (max 33 k€) ;
  • Revenu fiscal supérieur à 1 M€ → 3 % du montant de la valeur totale de la demande (max 50 k€).

      Quand la contribution doit-elle être réglée ?

  • Le demandeur joint à son assignation les documents justifiant de sa situation ;
  • Le greffe lui communique en retour le montant de la contribution ;
  • Le demandeur doit régler la contribution avant la première audience ;
  • À défaut, la demande sera déclarée irrecevable ;
  • La contribution est remboursée en cas de désistement ou de transaction mettant fin au litige.

Conclusion

Si l’objectif affiché de la mesure est de réduire le volume de contentieux et d’encourager les modes amiables de résolution des différends, elle interroge sur l’équité et l’accès à la justice et a surtout des incidences pratiques notables pour le justiciable en cas de litige qui devra s’acquitter d’une taxe potentiellement élevée avant de pouvoir faire valoir ses droits.

Surtout, cette « innovation » implique :

  • De bien maitriser les règles de compétence territoriale, notamment dans les litiges complexes et/ou avec plusieurs défendeurs, afin de pouvoir se donner le « choix » de la juridiction compétente ;
  • De se reposer la question de la juridiction choisie dans le cadre des clauses attributives de compétence territoriale ;
  • De se reposer la question d’insérer des clauses compromissoires (arbitrage) dans la mesure où la question du cout « nouveau » de la procédure devant les Tribunaux des activités économiques est de nature à réévaluer le choix entre juridiction arbitrale et juridiction étatique.

L’équipe Droit économique et contentieux commercial du cabinet LexCase est à votre disposition pour évoquer ces sujets.